Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/358

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— La délibération de l’Assemblée dans ses bureaux, pendant la suspension de séance, dit-il, a donné comme résultat cette unanime résolution de constituer un gouvernement démocratique. Interprète de la Délégation, et en son nom, au nom du peuple poméranien, au nom de ce gouvernement dont on a voulu que je préside les travaux, je proclame la République.

Ce mot prononcé, la contrainte devint impossible : dans les loges, sur les bancs, de grands cris, hourras prolongés d’enthousiasme, éclatèrent ; les bras se levèrent, se tendirent d’instinct vers le ministre ; certains délégués, transportés, escaladèrent leurs pupitres et vociférèrent des idées sublimes sur la liberté, la patrie, la souveraineté du peuple. Des chants, des éclats de voix, des choses incohérentes partaient des loges ; on entendait le nom de Wartz lancé sans interruption par de douces et pénétrantes voix de femmes.

À la tribune, toujours rigide, la tête penchant un peu en arrière, la main large, les lèvres entrouvertes, les yeux dans l’inconnu, le tribun goûtait la saveur de ce qui venait à lui sous cette ivresse. Il sentait battre à ses tempes le halètement du travail accompli : il revoyait le chemin parcouru depuis quinze jours, avec tout ce qui