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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/361

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Quand ils approchèrent des portes de sortie sur la rue aux Juifs, ils commencèrent d’entendre la grande rumeur du dehors. La foule, qui n’avait pu trouver place dans les tribunes, attendait ici l’issue de la séance, et le bruit venait d’être répandu dans la masse que la République était proclamée. La vue de Wartz, nu-tète, le chapeau à la main, précédé de deux huissiers, et que suivaient les autres membres du gouvernement, produisit un effet tout autre que celui auquel on aurait pu s’attendre. La rumeur s’éteignit lentement et mourut ; il n’y eut plus que le sourd murmure de tant de souffles haletants, une sorte d’extase.

Les huissiers firent un seul geste : celui d’écarter leurs deux bras rapprochés, et la foule comprit ; elle se rétracta de droite et de gauche vers les trottoirs ; le mouvement se propagea tout le long de la rue, et il y eut dans l’instant, entre les deux haies noires bougeantes où palpitaient des mains levées, des chapeaux, des écharpes de femmes, une route large et libre où le cortège chemina.

Au tournant de la rue aux Moines, il y avait encore foule : un mouvement analogue s’accomplit. Mais, à présent, une houle venait derrière ; les deux flots humains suspendus reprenaient leur cours, dans une masse unique, un processionne-