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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/362

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ment en marche vers l’hôtel de ville. Il faisait beau ; le soleil, qui se couchait, ne dorait plus que le haut des pignons et les toits, mais il y avait, au-dessus de cette grandeur sereine d’un peuple en rêve, l’autre grande sérénité du ciel bleu.

Et Wartz buvait ces choses mystérieuses, ces regards chargés d’amour qui par milliers le dévoraient, cette pensée ardente dardée vers lui. C’était une sensation sans mesure, surhumaine, confusément mêlée à la corrosion de sa blessure qui semblait s’étendre, gagner jusqu’à l’os, jusqu’à la moelle de son bras souffrant, mêlée aussi à la fièvre qui aurait dû, à cette heure, l’étendre inerte sur son lit.

Ils prirent la spacieuse rue de l’Hôtel-de-Ville. Les fenêtres s’ouvraient aux façades des maisons, et l’on pressentait, à voir le cortège, la grande métamorphose politique accomplie.

Depuis le matin, Oldsburg était sur pied, dans la rue. Les membres du gouvernement n’avaient pas pénétré depuis un quart d’heure dans l’intérieur de l’hôtel de ville, que la place s’était comblée. La statue du roi Conrad soutenait des grappes d’êtres vivants. De toutes les rues aboutissant ici, remontait une masse à chaque minute plus compacte, un mouvement foulant. Le calme de tout à