Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’heure n’avait pu durer : des chants et des querelles, des cris et des murmures éclataient de toutes parts. Des groupes d’artisans se frayaient un passage dans la masse, brandissant en trophées les plaques indicatrices de la rue Royale qu’ils avaient arrachées du haut en bas de la grande voie, comme un outrage à l’allégresse d’un tel jour. D’autres agitaient des cercles de métal tordus : c’était le monogramme de la Reine, qui faisait médaillon aux grilles de la rue aux Juifs ; et l’on vit venir enfin, porté au-dessus de la foule, dans le balancement cahoté de la marche, une large toile peinte déclouée, flasque, dressée sur des piques. C’était un portrait de Béatrix dans son costume du sacre, un ornement du musée royal, un poème. La figure était mutilée et outragée, le diadème coupé, les yeux crevés, la bouche tailladée. Cet acte dut paraître au peuple une des grandes choses de la journée, car on se pâma devant ce fait d’armes.

Au bout d’une heure d’attente, Wartz et ses collègues parurent à la tribune de pierre qui s’avançait, dans le style grec, au-dessus du péristyle. Le faîte de cette tribune était soutenu par trois colonnes doriques aux rondeurs desquelles vinrent s’adosser les sept ministres, sur l’extrême