Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/364

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rebord de l’avancée. Wartz, de sa main valide, tenait un papier. Il lut :

« Peuple poméranien… »

Mais, dès ce moment, le tonnerre de la foule couvrit tout. Le fourmillement noir s’étendait rue de l’Hôtel-de-Ville et dans les deux tronçons de celle de la Nation, comme les trois bras d’une croix formidable de vies, dont la place eût été le centre ; et, de la gorge de tous ces êtres qu’on ne nombra jamais, sortit un cri qui ne finit point. Les mots de Wartz s’envolaient dans le néant. Il proclama, dans la froide formule constitutionnelle, le gouvernement nouveau ; on ne l’entendit pas, mais on fit mieux, on le comprit, et la même émotion républicaine tordit tous ces milliers de cœurs avec le sien.

Derrière lui, les derniers rayons du soleil finissant nacraient les vitres des grandes baies de l’édifice ; c’était, à la tribune, un fond miroitant et irisé d’apothéose. Quand, d’en bas, les acclamations commencèrent de monter vers le jeune meneur, ses collègues s’écartèrent, en vains comparses qu’ils étaient. Il ne resta que lui, sa forme noire, rigide et silencieuse, — sur le bord de la tribune. Il entendit longuement ce grand cri d’amour qui