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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/365

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semblait venir de plus loin, des provinces distantes, des charbonnages du Sud, des côtes maritimes, des petites cités, des campagnes. La ville frémissait des extrémités de ses rues à ce centre vital. Mais Oldsburg n’était rien, ces cent mille êtres grisés ne comptaient pas pour lui ; ce qu’écoutait, en cette minute, sa pensée distraite, ce n’étaient pas ces vivats tapageurs, mais le murmure lointain et suave de la Nation chantant l’avènement de la liberté, c’était la musique de sa création qui vivait, c’était son œuvre !

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À la nuit, une douce lueur monta des rues. On illuminait. Aux façades, les fenêtres se dessinaient en petits verres de lumière. Des cordons de feu couraient, des girandoles, de frêles lampes de papier, aériennes, bousculées au moindre vent, suspendues à d’invisibles fils dans le noir. Tant de petites flammes pâles, flammes fumeuses, flammes jaunes des chandelles, flammes minimes des mèches buvant l’huile, donnaient à la ville une couleur d’incendie. Des chants, le chant nouveau de la nation, traversaient l’atmosphère. Oldsburg vibrait toute, sans une ruelle, sans un coin qui se tût. Et par-dessus le tumulte bourdonnaient les cloches des églises, qui ne cessaient point de