Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/366

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secouer dans l’air la joie angoissante de leurs ondes sonores.

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À la gare de Hansen, dans le brouhaha des trains arrivants, trois femmes en deuil descendaient de voiture avec un enfant. Nul ne les vit, pas plus que le baron de Nathée qui les escortait. Sa longue silhouette enfouie dans le pardessus long, il se tenait à distance, tête nue, et le visage dissimulé dans la fourrure du vêtement. Quelqu’un vint à leur rencontre et les guida vers un bureau dont Samuel Wartz lui-même leur ouvrit la porte. Il était le maître partout. Les trois tristes créatures, incertaines, affolées, avec ces regards furtifs qu’ont les gens traqués, le suivaient sans rien dire, et le baron, livide, suivait les trois formes noires. Le chef de gare aussi était là, muet comme les autres, les guidant vers une voie obscure, vers un train minuscule à une seule voiture. Le fonctionnaire portait une lanterne qui tournait au bout de son bras, et qui faisait tourner aussi des ombres géantes, par terre. Celle des trois femmes qui tenait l’enfant par la main trébuchait sur l’acier des rails. Quand elles eurent atteint le petit train minuscule, Wartz ouvrit une portière ; il salua très bas. La dame en noir qui monta la première