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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/37

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Madeleine passa devant eux au bras de l’Altesse Royale ; puis, avant qu’elle pût se reposer, elle fut priée si instamment par un jeune publiciste qui l’avait vue danser à l’autre bout de la galerie et l’avait suivie jusqu’ici, qu’elle se laissa emmener encore.

— Je vous conduirai au moins au buffet, madame ? lui glissa Saltzen entre deux danses.

Oh ! la politique secrète de ce cœur de femme ! ce à quoi elle songeait devant ce succès fou qu’on lui faisait, et tout ce que le mari ne pouvait deviner dans son sourire ! Devant lui, les danses tourbillonnaient toujours ; on voyait le balancement des chevelures, le cœur dessiné par le décolleté des robes, dans le dos nu des femmes, et les basques des habits noirs, un peu soulevées par le vent du tourbillon.

Wartz ne causait plus avec personne. Il se sentait seul dans ce brouhaha, seul comme le secrétaire du châtelain d’Orbach autrefois, seul de cette solitude morale qui l’avait fait triste pour toujours.

Sous le péristyle, en bas, une heure après, il croisa Madeleine au bras de Saltzen ; ce grand et maigre corps la faisait paraître plus gracile, plus souple ; elle s’essuyait les lèvres, humides encore du champagne auquel elle venait de goûter ; ses