Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/39

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qui procédaient par angles droits, se déroulaient dans une pente si douce, qu’on les voyait se multiplier à profusion jusqu’au faîte ténébreux. Larges et profondes les marches semblaient sans poids ; on eût dit qu’elles s’accrochaient à l’espace par les fioritures de fer de la rampe, et cette rampe, du bas en haut, dessinait ainsi comme une grecque. brodée en noir sur le blanc des dalles.

— Montons, dit Madeleine extasiée.

Ils étaient seuls là. Ils montèrent. Elle laissa tomber la traîne de sa jupe, parce que, même dans la solitude, les femmes éprouvent parfois le désir d’être plus belles, comme pour des yeux invisibles qui les regarderaient. En passant devant la première fenêtre qui ouvrait sur les jardins, ils s’aperçurent qu’il neigeait ; les arbres commençaient à s’esquisser en fins linéaments blancs, et silencieusement d’accord, Samuel et Madeleine s’arrêtèrent pour voir.

Après quelques minutes, Madeleine se détourna encore une fois pour s’assurer si d’en haut ni d’en bas il ne venait personne, puis elle prit au cou son mari.

— Tu es triste, mon Sam !

Elle l’aimait aussi passionnément. Souvent il la trouvait froide, ou futile, ou coquette ; c’était