Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/41

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— Avais-tu honte de moi ? demanda-t-il âprement.

Il se souvenait souvent de la condition subalterne qui lui avait autrefois donné ces soubresauts d’orgueil blessé.

— Oh ! mon grand homme ! peux-tu penser !

Alors, elle fit un grand effort pour parler.

— Tu veux savoir ? Tu ne vas pas te fâcher ? Eh bien ! tu m’aimes, n’est-ce pas ? On le sait, tout le monde le sait ; et c’est si simple, on n’y pense pas, entre mari et femme ! Mais si tu m’avais fait danser, tu comprends, cela se serait vu ; ou du moins, je connais des yeux qui l’auraient vu, qui nous auraient suivis, qui auraient cherché jusqu’à la pensée de ta main à ma taille, et ces yeux-là, ces pauvres yeux amis, il ne faut pas les attrister par la vue de notre bonheur. Comme tu me regardes, Samuel ! Voyons, tu ne soupçonnes pas la vérité ? Tu ne t’es jamais aperçu de rien ? Oh ! ces hommes ! Tu ne devines pas que c’est le docteur Saltzen qui a un sentiment pour ta femme ?

— Il te l’a dit ?

— Oui, cher jaloux, c’est cela ; il me l’a dit ; il me l’a dit il y a sept ans, huit ans, et depuis, chaque fois que nous nous rencontrons, il me le répète. C’étaient des aveux subtils. — Comment t’expliquerai-je cela, quand à peine si je me l’ex-