Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/44

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À ce mot, il se tourna vers elle ; c’était vraiment un trait de son âme qu’il avait reconnu là, son âme charmante tournée vers le mystère, vers de délicieuses choses qu’elle ne savait pas dire ordinairement. Pour ce mot-là, toute la méchante colère qu’il avait eue un instant contre Saltzen tomba.

— Tu voudrais donc me voir cinquante ans comme l’oncle Wilhelm, dis ?

Elle entr’ouvrait les lèvres pour parler ; il lui venait un flot de vocatifs passionnés pour lui répondre. À la fin, elle se mit à rire, tout simplement :

— Oh ! Samuel, tu dis des choses !…

— Je n’aimerais pas, vois-tu, continua Wartz, que tu jouisses du culte d’un autre. Cependant, je n’en veux pas à Saltzen ; c’est un vieux sentimental, de ceux qui ne prêtent pas au tragique ; et avec cela une nature très vénérable. Je l’estime plus avec son ironie factice que tous mes autres amis ensemble. Il ne faudrait pas… Ma petite Madeleine, songe comme la coquetterie serait cruelle avec lui.

Madeleine soudain le regarda, les prunelles métallisées ; sa lèvre se fit tombante, elle boudait.

— Quand ai-je été coquette ? dit-elle. Et elle tourna le dos, puis se mit à descendre