Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/45

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lentement. Coquette, elle qui venait à l’instant de refuser au vieil ami la danse qu’il lui demandait ! coquette, quand elle mettait tous ses soins, tous ses artifices délicats à transformer en douce amitié paternelle ce caprice d’arrière-saison ! Mais il en était toujours ainsi : on méconnaîtrait éternellement son cœur ! on se tromperait à sa grâce involontaire ! Elle-même s’assombrit sous l’injure, croyant avoir, peut-être, trop épanoui sa jeunesse rieuse devant le vieil homme. Son mari se mit à la suivre ; ils s’en retournèrent vers le bal. Elle marchait à côté de lui, souffrant, souffrant si fort que les battements de son cœur lui faisaient mal.

— Je t’ai maintenant averti, dit-elle, tu peux m’étudier.

— Cette confession ! murmurait Wartz, dans un coin de l’hôtel de ville, une pareille nuit !

— Quelle heure est-il ? reprit la jeune femme, je voudrais m’en aller.

Pour elle, la fête était finie. Elle était retombée lourdement au fond de son âme profonde, et elle y avait retrouvé le sérieux de sa vie morale, sa préoccupation du Bien, le souci de l’idéale vie conjugale qu’elle cherchait, sa conscience.

Comme ils prenaient congé de M. Furth et de tout le groupe de la presse qui s’était rassemblé