Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/46

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pour demander à Samuel l’article d’inauguration de la campagne à entreprendre, on entendit une voix qui disait :

— Docteur, présentez-moi donc à monsieur le délégué Wartz.

Samuel se retourna brusquement. Saltzen était derrière eux, et à ses côtés, un homme jeune, d’aspect vulgaire, petit, vêtu sans élégance ; l’expression de la lèvre, celle qui trompe si peu d’ordinaire, était cachée sous une grosse moustache blonde ; au-dessous des tempes rondes, élargies par la calvitie prématurée, souriaient, d’un sourire peu plaisant, les yeux gris pleins de pensées obséquieuses, et pleins aussi de feu et d’intelligence

Saltzen, pris au dépourvu, réprima une grimace, et, hautain comme il l’était parfois si élégamment, il dit :

— Wartz, je vous présente monsieur Bertrand Auburger.

— Un de vos admirateurs, monsieur le délégué, interrompit l’inconnu.

Samuel, très absorbé, retiré dans le monde des sentiments au travers duquel il voyait souvent les êtres qui l’entouraient, ne remarqua pas le geste d’ennui que n’avait su retenir le mondain Saltzen. Il tendit la main à l’homme avec un