Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/47

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froid : « Très enchanté, monsieur. » Mais celui-ci insista :

— On ne vous a pas encore entendu à la tribune, ce qui ne saurait tarder, je pense, monsieur le délégué ; mais je vous ai suivi lors des réunions électorales au Faubourg, et, là, je puis dire que je vous ai connu ; oui, monsieur, connu au sens le plus profond du mot.

Cet individu parlait vraiment d’une manière frappante ; on eût dit un professionnel de la parole : il choisissait ses formes, il accentuait à souhait, et toute son attitude soulignait l’expression même de ses mots. Il conquit soudain l’attention de Wartz.

— D’ailleurs, chez monsieur le baron de Nathée, j’avais appris déjà à vous connaître, poursuivit-il ; et la manière dont on y parlait de vous m’avait fait désirer bien vivement l’honneur de vous être présenté.

— Vous me flattez beaucoup trop, monsieur.

Et quand Samuel Wartz disait cette formule, on sentait son désir d’arrêter effectivement ce flux louangeur qui l’irritait. Cette nuance d’impression, l’homme la saisit, subtile comme elle était, et, sous le même style, il fit dévier le cours de sa pensée.