Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/49

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quittant le docteur pour aller enfiler son pardessus.

La fine Madeleine, qui savait entendre vibrer l’âme de son mari jusque dans le ton de sa voix, connut rien qu’à ce mot : « Qui est-ce ? » combien il était troublé et ravagé intérieurement.

— Un intrigant, répondit Saltzen, un homme qu’on ne voit pas Pour se faire inviter ce soir, il aura imaginé les pires bassesses, et par-dessus le marché, loué son habit dont il n’aura jamais l’idée de payer la location.

On faisait souvent au démocrate amateur qu’était l’oncle Wilhelm le reproche d’incorrigible aristocratie. Ce vieil élégant parfumé, raffiné, qui, en parlant à la tribune, n’y posait que du bout des doigts pour ne point froisser sa manchette, ne pouvait se retenir, songeait Wartz, de juger toujours un peu les gens sur leur mise. Du moins, la mauvaise humeur du jeune mari, qui avait une bien autre source, prit-elle âprement ce grief.

— Cet intrigant, qui manque d’habit noir, parle pourtant familièrement de Nathée, lequel est le plus authentique baron du royaume, monsieur Saltzen.

Saltzen se mit à rire.

— Il a tenu je ne sais quel emploi chez le président qui l’a mis à la porte au bout de quinze