Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/50

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jours. Mais prenez garde, Wartz, il me semble que cet homme vous a trop plu pour ce qu’il est. Écoutez ceci : Nathée m’a certifié qu’entre autres professions, — car il en exerce plusieurs, paraît-il, — ce personnage a celle de lancer à la Bourse les fausses nouvelles au profit d’honorables spéculateurs.

— Je n’ai confiance en Nathée que comme valseur, dit Wartz.

Et il emmena sa femme.

Ils traversèrent une dernière fois le péristyle. L’orchestre avait repris la valse Béatrix. C’était la pensée de la Reine qui emplissait de nouveau tout l’édifice. Madeleine songea, avec une sorte de compassion, à cette Reine que minait le grand souci du trône, et qui devait quand même rester jusqu’au jour dans cette fête, prisonnière de toutes ces femmes folles, grisées de plaisir. Mais cette fois, ses lèvres ne fredonnèrent plus l’air de la valse. Au dehors, la place de l’Hôtel-de-Ville s’étendait toute blanche ; et la statue du roi Conrad s’y dessinait en noir. On y entendait par intervalles les coups d’archets plus aigus des violons de l’orchestre, et il y régnait une demi-lueur, venue des grandes fenêtres illuminées de la façade. Wartz et sa femme retrouvèrent leur coupé qui les emporta dans une course ouatée de neige.