Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/52

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le décriât dans une heure délicatement critique. Wartz avait beau dire, il gardait rancune au vieil ami. Ce n’était ni de la haine, ni de la jalousie, à peine un regret vague, une simple tristesse, corollaire de leur rivalité mystérieuse, comme sa fureur eût été celui de l’offense réelle. Mais c’était quand même une barrière entre eux. Saltzen n’était plus déjà l’arbitre qu’on écoute aveuglément.

« Si cet homme est besogneux et qu’il me demande de l’aider, songeait-il, je l’aiderai. Le vrai citoyen républicain doit agir de la sorte, sans trop juger. »

Pour lui, la République était une religion dont il adorait la morale maternelle, et que Saltzen ne suivait pas assez strictement à son gré. Au même instant, Auburger entrait : il s’avançait obséquieux, d’une main tenant son chapeau un peu en arrière, de l’autre lissant sa moustache. Wartz devina que cette moustache devait être pour l’homme son trait le plus précieux, tout son physique. Un rayon de soleil modelait son front, son crâne nu et rond de blond faisait cligner ses yeux.

— Monsieur le délégué, pouvez-vous m’accorder une heure ?

L’étrangeté du personnage était dans ce mélange