Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/53

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d’humilité et d’autorité. Il y avait de la servilité dans son attitude, et il venait s’installer pour causer une heure avec un homme dont les instants étaient quelque chose de sacré. De même, l’autre soir, il avait mitigé de compliments de valet une sorte de camaraderie philosophique. On le sentait posséder également les deux forces qui conquièrent les hommes, la flatterie et l’ascendant moral, et il s’en servait simultanément avec une mesure incomparable.

— Asseyez-vous, monsieur, dit Wartz.

Quand on est enfant, la curiosité vous mène parfois en des excursions périlleuses où l’on ne se lance qu’en tremblant, sachant le danger, et le bravant pour la passion de voir. Samuel Wartz, à cette minute, agissait en enfant curieux. Trop intelligent pour ne point pressentir la force de cet être qu’il eût été prudent de mettre sur-le-champ hors de chez lui, il ne résista pas à ce désir d’excursion morale chez un spécimen humain si intéressant.

Auburger commença :

— Ainsi que je vous le disais l’autre jour, monsieur le délégué, j’ai réellement commencé à vous connaître durant la campagne qui a précédé votre élection. Je me suis attaché à votre caractère et