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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/56

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— Personne ? demanda Wartz.

— Quelqu’un de confiance, expliqua-t-il. Monsieur Braun a quelqu’un. Monsieur de Nathée a quelqu’un — ayant été secrétaire chez lui, je vous le donne sous le sceau du secret ; — le duc de Hansegel a quelqu’un, il en a même plusieurs.

Il se mit à rire d’un air très camarade en regardant Wartz.

— Mais oui, tous ces gens-là ont quelqu’un. Strasberg, le délégué royaliste, Schwartz, Wallein, et ceux de la province donc ! Que voulez-vous, un délégué ne peut pas tout faire, et pourtant, vous détenez une puissance telle, le moindre de vos actes peut avoir une portée si profonde, si lointaine, qu’il vous faut tout savoir, vivre, si je puis dire, un doigt posé sur les frémissements de la nation, comme le médecin qui palpe l’artère du malade… Je serai, moi, ce doigt perdu dans la foule, qui la scrute invisiblement, et je vous transmettrai jour par jour ses fluctuations, ses émotions diverses. L’agent du délégué a aussi un autre rôle, un rôle actif et inverse du premier ; il insinue dans le peuple l’action du Maître, — il employait ce mot « Maître » pour la première fois, avec l’opportunité et l’habileté d’un être qui s’entend à prendre les autres — du Maître qui ne saurait tra-