Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/58

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— Je comprends, dit Wartz, vous êtes de ceux qui les rendent tous.

Il avait beau se montrer hautain, l’autre l’intimidait ; et il ne pouvait dire toute sa colère.

— Permettez-moi de vous parler simplement, reprit Auburger. Je ne joue pas la comédie devant vous, monsieur le délégué ; vous ne souffririez pas que je me donne à vous pour un homme d’honneur ; le métier pour lequel je me propose ne le comporterait pas ; tout le monde n’a pas le moyen de rester homme d’honneur. Je me suis marié à vingt ans, et j’ai sept enfants qui se nourrissent chaque jour d’autre chose que de l’honneur de leur père. Si nous avions dû conclure un engagement, je vous aurais même confié qu’à Hansen, j’ai subi, il y a cinq ans, une condamnation pour abus de confiance — cela, pour vous autoriser à ôter devant moi la clef de votre coffre-fort. Les scrupules et les délicatesses sont un luxe comme un autre ; combien de gens doivent se contenter de les apprécier chez leurs voisins ! Je vous sais bon ; si je vous racontais certaines histoires de ma vie, les larmes vous viendraient peut-être aux yeux. Vous êtes législateur, avant peu vous serez célèbre par votre loi…

— Ma loi ?