Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/61

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tous ces discours sont inutiles ma décision est prise.

Il parlait ainsi, parce qu’il était passionnément attaché à la pureté de l’idée républicaine, et qu’il ne pouvait rien souffrir qui entachât son œuvre ; mais, au fond, il se sentait une indulgence extrême d’intellectuel pour celui dont tout le monde disait : « Cette canaille d’Auburger ». L’autre n’était pas homme à laisser passer cette faiblesse sans en tirer profit ; il ne parlait pas encore, il se taisait, et ses yeux, furtivement, faisaient un rapide et minutieux inventaire de ce cabinet de travail : le grand bureau à quatre pieds tordus dont il ne voyait que le dos, la bibliothèque vitrée, à grands pans de noyer uni, la table du fond, au-dessus de laquelle était installé le téléphone, les chaises tout en cuir bourré ; pas un objet de luxe, pas un bibelot. Et cette simplicité était touchante, voulue par ce jeune riche qui en faisait l’expression de sa foi philosophique.

— Monsieur le délégué, un jour viendra où il vous faudra vous rendre à ce que je vous propose, si vous désirez la communion absolue avec la nation dont vous dirigez la pensée, si vous voulez aussi vous défendre contre vos adversaires. Vous oubliez que vous êtes en pleine lutte. Ainsi