Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/64

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Il tremblait de colère et d’émotion contenue. Mais Auburger, avec une familiarité tranquille, lui posant une main sur l’épaule et lui présentant de l’autre le récepteur de l’appareil :

— Il ne s’agit point présentement de procédés délicats. Comment ! tous ces gens s’entendent pour ruiner votre œuvre, et vous parlez de visite de politesse ! Si j’avais une parole d’honneur, je vous la donnerais : ce que j’avance est vrai ; et je veux pourtant que vous sachiez que je ne vous trompe pas. Un piège à Nathée ! Ah ! grands dieux ! la belle affaire ! Cet homme n’a pas fait tant de façons quand il s’est agi de vous laisser rouler par Wallein ! Appelez le président, monsieur le délégué.

Sa loi !… On dirait désormais la loi Wallein ! Samuel se sentit tout à coup si déprimé qu’il trouva bon de s’abandonner à ce repris de justice dont il sentait la puissance occulte. Il appela Nathée.

Alors, dans le bureau silencieux, s’engagea le dialogue avec celui qui n’était pas là. On n’entendait pas un souffle ; là-haut, seulement, ce petit oiseau de Madeleine qui chantait, la voix assourdie dans les soies de sa chambre. La tiédeur d’un soleil de janvier chauffait la mousseline des rideaux. Auburger, sans un mouvement, regardait