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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/74

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senti la chronologie s’évanouir dans son esprit, c’était trop ; j’ai souri…

Saltzen redevint grave.

— Votre Hannah est une enfant, mais vous en êtes une autre. Moi, je ne ris pas ; l’histoire que vous me contez là est trop navrante ; c’est un petit drame qui s’est passé ce matin dans votre chambre, madame, et d’autant plus triste que le décor en était plus joyeux, plus joli. Cette petite plébéienne a raison ; vous ne soupçonniez pas, là-haut, dans votre sanctuaire de jeune femme épanouie selon tous ses désirs intellectuels, le brisement de ce pauvre cerveau. Vous raillez les dates, la nomenclature, et tout ce côté littéral et inerte, qui est la charpente de l’enseignement, parce que, créature plus complète, vous avez pris dans l’étude justement le contraire : l’esprit et cet affinement secret qui en est la mystérieuse résultante. Mais l’enfant du peuple n’a vu que le prestige de ces noms ignorés par ceux de sa classe ; elle a mis son ambition de supériorité dans la possession de la lettre ; elle a, des années durant, forcé au labeur sa seule mémoire. Maintenant que sa vie désorientée est retombée dans le travail manuel, et que la mémoire s’assombrit, rien ne reste, qu’un vide moral. Ah ! Wartz, quand je vous vois élaborer la loi nouvelle