Aller au contenu

Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est pour une affaire personnelle, monsieur Saltzen.

Et, comme l’huissier revenait à lui pour l’introduire, il laissa l’oncle Wilhelm, et s’enfonça dans la profondeur du vestibule, confus de sa brutalité, mais sentant que son heure était venue, et que les délicates entraves du cœur ne comptaient plus.

Le président l’attendait, étendu dans un fauteuil long qui enserrait mal son grand corps. Il avait aux lèvres une tasse de tisane, et une peau de bête jetée en châle sur ses épaules laissait briller le plastron blanc de la chemise. Il dit, la voix éraillée :

— Mon cher collègue, pardonnez-moi, la séance m’a brisé ; je vous fais mille excuses de vous recevoir de la sorte, mais je vous jure qu’à tout autre j’aurais fermé ma porte ce soir. En vérité, je crois que demain je devrai me faire remplacer.

— Pas demain, monsieur le président, la Délégation aura besoin de vous. Vous ferez un effort, mais vous serez là. Eh ! ce n’est pas le jour de déserter !

— Demain ? Qu’est-ce donc demain ? demanda Nathée indolemment.

— Demain, répliqua Wartz avec son accentuation douce de Poméranien du nord, demain je présente mon projet de loi à la Délégation.