Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’eût pu me faire croire qu’ils projetaient quelque chose de si intempestif. Voyons, monsieur Wartz, je vous supplie d’agir avec prudence. Songez à ce qui va se passer demain ; ce sera un désarroi général ; tout le parti républicain, désorienté, ne saura lui-même que faire. Vous avez vu, de vos yeux, quelle laborieuse entente il faut organiser avant de mettre en avant, au Parlement, une affaire de quelque importance, et voilà que du jour au lendemain, sans que nul soit prêt, sans avoir peut-être même pressenti le parti adverse, vous décidez de présenter à l’Assemblée, c’est-à-dire au pays, une loi capable de bouleverser la société. Mais ce sera une séance folle, monsieur Wartz ! On ne s’y entendra plus ; je vois d’ici le désordre. Vous oubliez que nous sommes en spectacle à la Presse, et que la Presse le dira au monde !

L’ancien secrétaire du châtelain d’Orbach, qui savait, pour en avoir savouré l’amertume, la gamme des intonations qu’un homme arrivé peut prendre avec ceux qui ne le sont pas, discerna le sentiment du président sous ses paroles. Il n’était qu’un obscur délégué de qui personne n’avait jamais parlé ; la Délégation ne connaissait de lui que sa présence silencieuse ; il était même secrètement