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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/88

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Il s’était ainsi arrangé une tranquille, une presque heureuse mélancolie d’automne, partageant sa vie entre quelques livres de science, un peu d’action politique, et la délicieuse amitié de cette petite Madeleine Wartz qu’il allait voir souvent. Il n’y serait pas allé chaque jour. Certains matins, quand le soleil était entré trop à flots dans sa chambre, ou bien qu’il roulait au ciel de gros nuages chauds, venus du Sud, avec le vent tiède qui sentait Mars avant le temps, ou bien qu’il était resté à regarder fumer la houille de son feu une heure ou deux, sans entendre sonner la pendule, un vif désir d’aller là-bas le prenait tout à coup. Alors, il réagissait : « Non, non, pas aujourd’hui. » Et ces jours-là, à la Délégation, un coup de brosse conquérant donné dans ses cheveux gris, plus cambré dans sa redingote, quelque chose de coquet dans la pose du lorgnon, on était sûr de le voir, pour un rien, escalader la tribune, nerveux comme à trente ans, et faire vibrer de plaisir toutes les belles dames des loges, par les mots de son vieil esprit d’autrefois.

Mais, ce soir, il s’était permis cette visite ; il venait, inconsciemment attiré par Madeleine, c’est vrai, mais aussi l’esprit plein de Wartz dont il voulait parler avec la jeune femme. Il sentait tout