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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/89

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à coup lui échapper cette nature qu’il aimait à guider, sans en avoir encore soupçonné le génie. Il s’étonnait de ne voir plus clair en Samuel, de le trouver si taciturne.

— Dites à monsieur Saltzen, fit Madeleine troublée, que je suis souffrante, que je ne puis le recevoir.

Mais le docteur ne se laissa pas arrêter par ce qu’il jugeait un simple caprice de femme. Il lui fit dire par Hannah qu’il s’agissait d’un entretien de quelques minutes, mais urgent.

Elle eut un scrupule. Est-ce qu’il ne tenait pas un peu du péché d’aller s’entretenir seule avec cet homme qui l’aimait ? et justement dans ce déshabillé d’intérieur : une robe un peu extravagante, de la soie jaune qui la faisait voir, surtout à la lumière, si blanche, si fraîche ? Et puis cette visite ne déplairait-elle pas à Samuel ?

Mais, dès qu’elle fut devant l’oncle Wilhelm, la gaieté et l’aisance lui revinrent. Il savait si joliment porter, en le cachant, son sentiment pour elle, que, lorsqu’ils étaient ensemble, aucune gêne ne subsistait plus entre eux.

— Eh bien ! que passe-t-il donc pour ce pauvre Samuel ? disait-il, je le trouve tout changé. Imaginez qu’il est actuellement en conférence