Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/90

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avec le président de Nathée. Le saviez-vous ?

— Il me cache tout ce qui est politique, dit Madeleine. L’individu que vous lui avez présenté, l’autre soir, à l’hôtel de ville, est venu ce matin. Ils ont causé pendant un temps infini, mais il y a encore là quelque chose de secret.

— Auburger ? cria Saltzen.

— Sa venue a bouleversé mon pauvre Sam ; j’en veux à cet homme, docteur.

Il lui paraissait très doux d’unir la sollicitude du vieil ami à la sienne pour mieux envelopper son jeune mari. Cela innocentait décisivement leur amitié. Elle pouvait, sur ce sujet de Samuel, qui était entre eux comme un lien d’entente presque sacré, se confier librement au bon Saltzen dont elle appréciait tant la délicatesse.

— Dites, docteur, pourquoi ne partage-t-il pas avec moi tous ces soucis qui l’attristent ? Vous parle-t-il de moi quelquefois ? Vous dit-il que je suis une petite femme étourdie à laquelle il n’oserait pas livrer un secret ?

— Non, reprit Saltzen avec un sourire ému qui rendit humides ses yeux flétris ; il parle de vous à peine. Il se tait. C’est mieux. C’est beaucoup plus éloquent parfois ; mais je sais que vous êtes pour lui la reine de toutes les vertus.