Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/92

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de son sentiment politique, sur lequel il est muet, mais que je sens, moi, passionné et tyrannique ? De simples amis comme nous devons respecter ses silences ; vous qui avez tous les droits, gardez moins de retenue, demandez-lui, arrachez-lui ses secrets ; c’est un poison pour un homme de son âge.

Voilà qu’il devenait maintenant le médecin moral de ce ménage d’amoureux ; ce n’était pas très gai, mais son vieux cœur honnête y trouvait encore presque du plaisir. La vie lui avait appris bien des choses ; surtout, elle l’avait amené par des chemins assez pénibles à cette manière délicate d’aimer. Ce n’était point, il est vrai, l’amour de vingt ans ; c’était davantage.

— Je connais son tempérament. Physiquement, cette vie repliée et concentrée le tue ; amenez-le à tout vous dire, tout ; confessez-le gentiment ; et quand il aura pris l’habitude de partager avec vous les soucis professionnels, vous verrez qu’il ne sera plus sombre ni ennuyé, car, au fond, vous savez, pour lui la politique auprès de vous compte bien peu.

— Croyez-vous ? dit Madeleine incrédule ; je me demande parfois… Oui, monsieur Saltzen, cette idée républicaine l’a tellement pris, elle me