Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/21

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tiers les abstractions au concret, enfin je voulus savoir laquelle vaut le plus entre deux femmes, celle qui, n’écoutant que sa sensibilité, s’est soumise librement, pour la vie, à l’amour d’un homme, suivant en ceci la loi normale, ou celle qui, résistant au penchant de la nature par crainte de perdre sa totale indépendance, renonce à l’amour et prétend ne rien devoir jamais qu’à soi-même.

Il me sembla que là-dessus les yeux positifs de la jeune interne se troublaient un peu. Elle n’avait pas complètement jugulé ses nerfs et je touchais peut-être à une plaie. J’attendais qu’elle tranchât péremptoirement le cas, mais elle nuança :

— Cela dépend, dit-elle. Il y a telles conditions dans lesquelles une femme peut aimer sans se diminuer, sans s’asservir. Il y a telles circonstances où, en se refusant par exemple à un mariage digne d’elle, la femme se limiterait véritablement. Mais il en est d’autres où elle se doit à elle-même, où elle doit à sa dignité, à son développement intégral, d’immoler un