Page:Yver - La Bergerie.djvu/107

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le redoutable jeudi. Il passa ensuite chez le chemisier : dans une illumination féerique, reflétée de mille glaces, posaient les rondeurs glacées des manchettes, des cols éblouissants ; les soies, les satins des cravates, les plastrons plissés, brodés, calamistrés. On lui essaya des faux-cols hauts d’une main, qui lui dressèrent le menton comme un collier de supplice ; il fut si enchanté de cette forme, qu’il en acheta une boîte sur-le-champ ; il choisit des cravates de damas à palmes, qui imitaient la décoration « modern » ; il les prit d’un glauque incertain d’algue ou de sel de cuivre légèrement excentriques…

Il avait décidé, pour n’attirer point l’attention sur ce changement de condition qui se faisait dans son élégance, de n’arborer qu’une à une ses innovations. Le lendemain matin, il arrivait à l’hôtel avec une coiffure nouvelle. Sa chevelure, qui commençait à s’épaissir, était lustrée et, à grand effort de peigne, divisée en deux courants d’ondes par une raie. Il fut étonné, en pénétrant dans la chambre de Beaudry-Rogeas, d’y trouver Chapenel. Les deux hommes discutaient ; le secrétaire frémissait de colère sourde ; il criait quand Frédéric ouvrit la porte : « Vous vous laissez rouler par une intrigante ! » Le visage frais et rose de l’écrivain avait pâli… Le jeune homme, par discrétion, voulut se retirer, mais on le rappe-