Page:Yver - La Bergerie.djvu/113

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Celui-ci lui présenta le jeune homme ; elle le salua timidement, hâtivement, le remercia de venir l’entendre et s’en fut à la recherche d’un sacristain qui les éclairât par l’escalier du grand orgue. Il vint en surplis blanc, un rat-de-cave fumeux à la main. La jeune femme se glissa derrière lui le long des spirales de l’escalier tournant ; elle ressemblait à une ombre, à une âme du purgatoire, marchant ainsi sans bruit, sans poids, sous les lueurs ombreuses du lumignon. Elle était si peu vivante, si peu remarquable, si éteinte et si pauvre qu’on ne se demandait ni d’où elle venait, ni qui elle était. C’était une passante rencontrée par hasard et qui n’intéresse pas. L’idylle du millionnaire s’infirma même aux yeux de Frédéric de s’incarner sous les traits de cette quasi-indigente.

Elle ouvrit l’orgue et s’y assit. Pendant qu’elle dépliait son rouleau de musique, Frédéric bâilla et se pencha à la tribune. L’église était noire, vide et invisible comme un gouffre au-dessous de lui, et il monta de cette grande chose béante, de l’encens, de la fumée des cierges.

Mme Ejelmar, ses gants ôtés, posa sur les touches ses longues mains osseuses et blanches. Le collet glissa à sa taille, la forme de son corps d’enfant apparut, serrée dans un jersey noir de six francs. Ses yeux étaient