Page:Yver - La Bergerie.djvu/116

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dressa, se ressaisit. Transparente et monacale, elle remonta jusqu’à ses épaules sa mante noire. Les deux hommes l’entourèrent, la félicitèrent. Beaudry-Rogeas serrait ses mains brûlantes. Frédéric, tout à fait grisé, faisait des hyperboles pour mieux la louer, et les yeux gris de mer, illisibles, eurent des phosphorescences de plaisir sous leurs paupières fripées qui se baissaient.

Ils redescendirent tous les trois l’escalier de pierre chenue, Frédéric, le premier, élevant le lumignon pour éclairer la jeune femme. Au tournant de la spirale, il entendit derrière lui un chuchotement ; il crut deviner un murmure de tendresse. Indulgent et protecteur, il poursuivit seul sans se retourner, laissant toute une minute dans l’ombre le couple arrêté.

À la porte, il se hâta de dire le premier :

« Maître, je vais rentrer seul, pendant que vous reconduirez madame jusque chez elle. »

Mais il fut stupéfait de lire une sorte de terreur dans le visage de la musicienne.

— « Non, je ne veux pas ; je préfère rentrer à pied ; il faut que je rentre à pied ; j’ai des courses ce soir, j’aime mieux… non, monsieur, non, merci, je Vous suis si reconnaissante, si reconnaissante ! »

Beaudry-Rogeas insista, plus suppliant qu’elle encore.

« Laissez-moi vous reconduire, je vous en