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Page:Yver - La Bergerie.djvu/118

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Il se fit un silence. Ce fut seulement en côtoyant le parc Monceau que Beaudry-Rogeas se reprit à dire :

« Vous ne parlerez pas d’elle ni de notre soirée devant Chapenel, n’est-ce pas, mon cher ami ; son exécration de la femme l’aveugle, et d’entendre seulement parler de Mme Ejelmar lui donne ses nerfs, à ce pauvre Raphy. »

Frédéric eut un haut-le-corps. Est-ce qu’on ne pouvait pas, dans l’occurrence, jeter par-dessus bord « le pauvre Raphy ». Est-ce que celui qui appointait chaque mois cet autocrate d’âmes ne pouvait pas s’en débarrasser quand il devenait trop gênant ? Il paraissait clair que Beaudry-Rogeas était passionnément épris de l’étrangère, qu’il rêvait de l’associer à sa vie, de s’unir à elle. De son côté, l’indéchiffrable créature, ou fort religieuse, ou démesurément rouée cette dernière conjecture ne vint même pas à l’esprit de Frédéric — requérait le seul mariage : dans l’escalier de l’orgue, il avait entendu comme une lutte pour un baiser. Alors, le malheureux millionnaire se trouvait tiraillé atrocement par ces deux influences contraires et puissantes, le tendre amour de l’artiste qui le suppliait si doucement d’une part, et de l’autre la terrible omnipotence de celui qui, sournoisement, était son maître. Pour Frédéric, la résolution était bien simple : supprimer Chapenel. Il ne sentait pas que,