Page:Yver - La Bergerie.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ments pour plaire, sous ce costume, à une certaine Rosine qui ne viendrait pas.

Rosine ! Frédéric avait rêvé sous ce nom les choses les plus extraordinaires ; il l’avait vue, en vérité, comme en chair et en os, profitant son nez en l’air, les bouffettes légères de ses cheveux, son épaule frêle, sa gorge droite d’enfant sur le vitrail verdâtre et plombé de la salle à manger sombre ; il s’était vu là, laissé par le père et Chapenel, dans un hasard, seul avec elle et ne disant rien. Il rêvait l’idylle déchirante, douloureuse et révoltée du jeune homme pauvre, amoureux de la princesse, et Rosine grandissant, devenant femme et sentant l’amour — par simple instinct — dans cet artiste gentilhomme, car il serait artiste, et il avait écrit déjà, sous l’hypnotisme de Chapenel, un pamphlet contre la basilique de Montmartre… mais Rosine ne venait pas aujourd’hui et tout s’effondrait. Il fut triste et morne.

Le chagrin fut plus perfide que tous les charmes réels sur le nerveux et l’impressionnable qu’il était. Inconsciemment il souffrait à cause de Rosine ; là était le danger.

L’après-midi, comme Beaudry-Rogeas était absent et qu’il travaillait au pesant bureau d’acajou, plaqué d’aigles dorées, Chapenel vint le voir. Chapenel lui montrait de la sympathie, il en avait de l’orgueil ; cet artiste hono-