Page:Yver - La Bergerie.djvu/124

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raire, secrétaire de son métier, s’arrangeait de façon, sans qu’on pût savoir comment, à donner à ses choix, à ses préférences d’amitié, comme une marque glorieuse ; il était moins mauvais que méchant et même moins méchant que dédaigneux. Frédéric fut secrètement flatté de cette petite visite.

« Qu’est-ce que vous faites ? demanda-t-il, enfumé de tabac par toutes les pipes dont il venait de se saturer depuis le déjeuner en rêvassant. »

Frédéric montra le livre de Baluze qu’il traduisait. Chapenel haussa les épaules.

« Jamais Beaudry-Rogeas n’en sortira, dit-il, il n’a aucune puissance de travail, c’est un paresseux. »

Le mot étonna Frédéric dans la bouche de cet improductif. Chapenel était trop intelligent pour ne pas s’en apercevoir ; il se hâta d’ajouter :

« C’est une mentalité paresseuse. Il ne fera rien. Dona Pia ? Cette plaquette ! Vingt-huit pages et pas une pensée. Son volume de contes ? C’est bien léger. Vous souriez de m’entendre dire cela à moi. Vous ne savez pas, Aubépine, que je suis un travailleur, moi. Nul ne trime autant que moi. Parce que je n’exécute pas, vous pensez des choses… Mais qu’est-ce que l’exécution ? Une faible partie de la conception, une machine toute maté-