Page:Yver - La Bergerie.djvu/128

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cha ; son corps ondulait, flottait, s’allongeait dans une robe mince, mince, un étui sans fin qui s’enroulait en volutes. Il en eut peur. C’était le serpent enfant dont avait parlé Chapenel. Elle était pourtant idéalement jolie et caressante, mais la crainte du venin mortel, dans la petite dent pointue qui dépassait sa lèvre, le retenait de lui tendre les bras. La porte s’ouvrit soudain, sans bruit, comme dans les rêves, un jeune homme entra, l’air doux, profond et pur, imberbe et sans âge. Il dit : « Je suis Lydie Beaudry-Rogeas, la sœur de votre maître ; je me mets en homme parce que je suis un ami sûr. » Et tout cela fit souffrir Frédéric comme un cauchemar.

Il revit Mme Ejelmar une après-midi, au concert norvégien où l’amena Beaudry-Rogeas. Paris était encore là et l’attendait dans la salle. C’était un choix d’élégances exotiques, cosmopolites ou seulement parisiennes. Les chapeaux, la soie des corsages, tant de visages, d’yeux de femmes hautains et doux, le col nu des jeunes filles, les éventails, les chevelures brunes, gaufrées et torses des Françaises, les cheveux couleur de paille des Scandinaves, les parfums, l’odeur des buissons de mimosa sur la scène, troublaient son cerveau comme un vin capiteux. Beaudry-Rogeas lui montrait les célébrités. C’était là, tout près, dans l’embrasure de la porte, le maître Duval, de l’Institut,