Page:Yver - La Bergerie.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VI

Une dépêche arrivant à l’hôtel Beaudry-Rogeas, annonça un matin la venue de Mlle Lydie et de sa nièce Rosine.

Frédéric se rappela son rêve. Il revit la sœur de l’écrivain, en pâle jeune homme imberbe, cette demoiselle mûre, suffisamment incolore et déféminisée pour agréer à ce mysogine de Chapenel ; et il se promit quelque plaisir. La pensée de Rosine le mit dans un bien autre émoi. Il se sentait vers l’adolescente inconnue un si étrange attrait ! Se pouvait-il que cette enfant, jamais vue, éveillât de telles choses en lui !

La journée lui parut sans fin. Le rigoureux évangile de Chapenel lui trottait par l’esprit. Aimer, ou ne pas aimer ? Aimer lui semblait aujourd’hui irrésistiblement exquis ; mais ne pas aimer était, au dire de Chapenel, beaucoup plus fort et sage. On pouvait aimer, il