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Page:Yver - La Bergerie.djvu/142

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jugeras. Il aime tendrement notre petite, et l’a voulue sans aucune dotation, pour son titre d’orpheline et de fille pauvre qui le séduisait. Je ne te cache pas, mon Frédéric, que j’avais eu l’idée de lui donner ou de vendre pour elle les Trois-Mares et une partie des terres de Bellevue. J’ai eu ici bien des séances de notaire. Mon grand souci, mes pauvres enfants, c’était de faire entre vous trois des morceaux à peu près égaux de mon bien, car tu comprends, ces petites que j’ai élevées, que leur mère m’avait confiées, elles sont tellement à moi ! je ne puis pas les séparer de toi dans mon cœur… Tu n’es pas jaloux, mon grand garçon ? Leur parenté de fait est bien peu de chose, mais celle qu’elles ont acquise à vivre ici est grande.

— La Bergerie est à vous, tante, dit Frédéric vivement, mais si elle n’était pas à vous, c’est à ces enfants qu’elle appartiendrait. C’est devenu leur maison de famille.

— Quand je ne te connaissais pas, quand tu n’existais pas pour moi ; mais à présent ! Ta personne qui m’est si chère, le nom que tu portes, le souvenir vivant que tu es, tout cela te donne les premiers droits. Alors, je fais et refais en pensée des divisions. Voici Laure châtelaine demain et renonçant à tout héritage. Restent toi et Camille.

— Reste Camille seule, tante ; est-ce que le