Page:Yver - La Bergerie.djvu/143

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Parisien compte ! Est-ce que le secrétaire du grand Beaudry-Rogeas pourra jamais s’occuper des choux qui poussent à Parisy ? Mais parlez-moi de votre petite fermière et de ses jeunes veaux ?

— Fini tout cela. Adieu veau, vache, cochon, couvée. C’est une autre Perrette. Camille est transformée. Le mariage de sa sœur l’a mûrie. On ne la voit plus qu’une arithmétique à la main et, depuis deux mois, elle a rattrapé deux ans d’études. Ce qui s’est passé dans cette petite cervelle, je ne puis le savoir, mais elle ne met plus le pied à la ferme, et quand je vois ses pauvres bons yeux se creuser de fatigue le soir, je suis obligée de lui arracher ses cahiers et ses plumes.

— Tiens ! pensa tout haut Frédéric ; pourvu que cela dure !

— Oh ! cela durera. Camille est une petite créature d’opiniâtreté et de vouloir. Je pense que la honte d’avoir paru une ou deux fois fort ignorante aux yeux du grand beau-frère l’aura guérie de sa paresse. Tiens, en ce moment-ci, elle est enfermée dans la salle d’étude, sanglotant sur un problème difficile qu’elle ne peut raisonner. »

La porte s’ouvrit, le couple des amoureux entra ; le gentilhomme fermier, normand robuste de trente ans, imberbe, bien mis, hâlé, portant haut la tête, tenait de sa brune main