Page:Yver - La Bergerie.djvu/155

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« Camille a raison, s’écria-t-il, quand on passe là, il faut saluer le blé et surtout le semeur. »

M. de Marcy souriait ; on voyait ses dents blanches et belles. Il dit :

« Oh ! ce n’est pas grand’chose… Je n’ai même pas l’honneur d’avoir semé le blé moi-même, comme le héros de Camille ; mais j’ai travaillé consciencieusement l’art de l’exploitation terrienne : la succession des semences diverses dans une même terre. Les céréales n’épuisent pas uniformément leur nourrice, aussi peut-on alterner la composition d’un champ et n’occasionner, avec deux récoltes, qu’une fatigue unique de la terre. J’ai longuement étudié aussi les engrais. L’engrais, mon cousin, c’est notre capital à nous ; excusez-nous, si nous en parlons trop souvent, si nous avons de l’orgueil à vous montrer des montagnes d’immondices, si nous avons l’air de gens sales…

— Vous êtes de grands alchimistes, tout simplement, reprit Frédéric ; vous faites de l’or avec ce qui vous plaît ; le cercle de votre cuve se mesure par hectares : c’est la terre.

— J’ai fait, dit M. de Marcy, des maquettes de champs, des semailles en miniature, sur des mouchoirs de terre, avec des engrais chimiques différents. Ça a été la plus passionnante expérience, la plus captivante ; voir