Aller au contenu

Page:Yver - La Bergerie.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pousser ces moissons joujoux en concurrence, observer la première levée, la plus drue, peser les épis les plus gras, sentir le choix se faire de lui-même, de sa propre force, entre les artifices mis en observation. Ah ! vous ne connaissez pas cela, vous, Parisiens ! »

Frédéric eut un frisson de tristesse, de regret, et ne répondit pas. Laure, muette d’admiration, écoutait celui dont elle se sentait déjà la propriété, la chose dévouée et soumise. Insoucieuse, distraite, Camille allait devant, fredonnant entre ses dents, un octave trop haut :

J’ai semé mon blé dans la terre brune !

Frédéric la rejoignit. Maintenant ils foulaient une route blanche et sèche que les champs bordaient en talus, où se dissimulaient les violettes. Camille et Frédéric en cherchèrent ensemble et les mêlèrent de primevères jaunes. La petite bavardait.

« Tout cela, disait-elle, à droite, à gauche, c’est à lui ; voici les arbres de son parc et sa maison. Ah ! si vous voyiez sa maison ! c’est du vieux raccommodé, mais ce que c’est beau ! N’est-ce pas qu’il a l’air bon garçon ? Moi je l’aime beaucoup mon beau-frère. Que font-ils donc là-bas ? »

Ils se retournèrent ensemble. Là-bas, M. de