Page:Yver - La Bergerie.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Marcy et Laure devaient aussi chercher des violettes, mais ils avaient trouvé mieux ; furtivement, quand la dernière carriole roulant sur la route s’était évanouie dans la poussière du lointain, il l’avait appelée dans son bras ; elle s’y appuyait le front tendrement, puérilement comme un enfant, et il baisait ses frisons bruns et ses yeux clos.

Camille devint très rouge et se tut ; elle et Frédéric demeurèrent fort troublés d’avoir vu ensemble ce baiser : la provision de violettes et de primevères glissa par terre et s’éparpilla au vent ; Frédéric refit le bouquet sans rien dire. Tous les quatre se remirent en route silencieusement. L’air était saturé des odeurs de la terre chauffée par le soleil de mars. Partout régnait le parfum des violettes et des bourgeons. Il y avait des idylles, des batailles, des drames d’oiseaux dans les arbres.

Très haut dans le ciel, se voyait le vol droit du corbeau mâle qui plane en croassant quand il va chercher des vivres pour son nid.

Laure n’était point fâchée qu’on l’eût vue si aimée de son ami ; elle ne regrettait rien ; elle avait le plus de sang-froid et dit la première :

« Grimpons sur le talus ; je voudrais voir votre maison… de loin.

— Je vous en supplie, murmura de Marcy, dites dès maintenant notre maison ; j’aime fais tant que vous le disiez ! »