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Page:Yver - La Bergerie.djvu/162

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« Reculons-nous maintenant, dit-il aux jeunes filles, en riant, voilà le coup de théâtre. »

Ils s’appuyèrent sur une haie de clôture ; le paysan en bras de chemise ouvrit les six portes des étables ; on vit des mufles se dessiner dans le noir, se presser vers le jour, puis l’homme vint au milieu de la cour, et fit entendre comme un gloussement strident de la gorge.

Alors, par les six portes à la fois, les bêtes sortirent une à une d’abord, hésitantes devant la lumière ; puis le flot s’épaissit ; elles luttaient maintenant des épaules, des cornes, à laquelle franchirait le plus tôt les portes trop étroites ; et l’on voyait le battement régulier de ces pattes innombrables, agiles et fines, frappant ensemble, de leurs sabots nerveux, l’herbe molle ; et toutes ces mamelles dansantes, et tous ces croissants emmêlés des cornes, formant un ornement mouvant de festons aériens. Frédéric voulut les compter. Il en vit sortir vingt-quatre du grand bâtiment de droite, il en nombra seize venues par la porte voisine, ici douze ou dix, il ne savait plus ; elles se mêlaient comme des ondes, cherchant, par un instinct secret de bêtes, à dessiner d’elles-mêmes un troupeau ; elles se groupaient, se pressaient ; ce ne fut plus bientôt, aux yeux trompés, qu’une masse en mouvement, tintante de sonnettes, avec Ce tournoiement incessant des flancs droit et