Page:Yver - La Bergerie.djvu/164

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dans un troupeau, impérieuses plutôt que confiantes, dominant les bêtes plus que les aimant ! »

Camille surtout, sans doute soucieuse de

n’être pas prise pour une poltronne, à cause de l’histoire des oies, s’amusait en riant à se faire une trouée chez les petites vaches dociles. Elle poussait les croupes à coups de son poing fermé ; elle se cambrait sous le chatouillement des queues nerveuses ; son buste robuste de campagnarde émergeait seul avec sa tête blonde inondée de soleil. Frédéric la regardait ; une évolution soudaine se fit en lui, dans ses sentiments pour la « grosse poupée rieuse ». Il la vit belle tout à coup, le temps d’un éclair.

« Camille ! revenez ! cria-t-il, ces bêtes me font peur pour vous.»

Et sans souci du pardessus mastic et boulevardier, du fumier qui encrassait les flancs où il se frottait, il vint à elle, la saisit par le bras avec une demi-colère, et la ramena vers la barrière en maugréant :

« Vous savez bien que je réponds de vous à votre marraine ! »

Elle haussa les épaules :

« Parisien ! vous en êtes encore là ? »

Frédéric revit la robe courte qui battait son bas noir au-dessus de la bottine. Il demeura un peu déconcerté de sa violence. M. de Marcy donna l’ordre de faire rentrer les bêtes ; on