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Page:Yver - La Bergerie.djvu/167

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roman où un jeune homme noua un jour dans un bois la bottine d’une dame, et où l’on ajoutait qu’il était ivre de bonheur. »

Elle rougit.

« Comment savez-vous cela ?

— Oh ! c’est que ce roman-là est fort répandu.

— Ce que c’est joli ! n’est-ce pas ?

— Oui, dit Frédéric qui s’embarrassait, la fin surtout, quand ils se marient.

— Mais ils ne se marient pas du tout, fit-elle offensée, vous savez bien qu’elle meurt.

— Ah ! c’est vrai ; pauvre femme !

— Mais c’est une jeune fille, ce n’est pas une femme ; c’est une jeune fille, puisque ce jeune homme l’aime ; si elle avait été déjà mariée, il ne l’aurait pas aimée.

— Elle aurait pu être veuve, insinua Frédéric complaisamment et ne sachant plus guère comment s’en tirer.

— Voyons ! prononça Camille d’un air entendu, mais sans oser le regarder en face pour traiter de ces choses intimidantes ; est-ce qu’on aime une veuve »

Frédéric comprit que cette jeune philosophe ne possédait encore sur l’amour que des notions plutôt rudimentaires : il trouva cela très adorable, mais il pensa plus simple et plus sûr de parler d’autre chose. Il la mit sur le sujet des travaux ruraux, qu’elle connaissait à merveille.