Page:Yver - La Bergerie.djvu/17

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quait toujours la morale dans le secret de sa conscience.

Et au fond, sous ce scepticisme de surface, sous ce désenchantement et cette bouderie à la vie, il y avait un enfant que la vie appelait, et qui ce soir, à la pensée du foyer des autres, avait envie de pleurer.

Il pénétra dans le grand café du Théâtre. Les lumières, les clartés du plafond peint d’or et de rouge, les glaces, l’odeur mêlée des cigares, de l’anis, des liqueurs et des parfums féminins, la voix des joueurs, tout fit virer ses pensées vers les régions vagues et capiteuses du rêve. Il se laissait inconsciemment magnétiser par les splendeurs clinquantes de la salle, par les vapeurs sournoises de la bière allemande qu’il buvait, et comme il avait demandé de quoi écrire, il lui parut tout à coup facile de mettre à exécution l’idée qui le hantait depuis des mois, et il jeta sur une enveloppe cette adresse :

Mademoiselle d’Aubépine,
Château de la Bergerie,
Parisy-la-Forêt,
(Manche.)

Mlle d’Aubépine était sa tante. Il ne l’avait jamais vue. À peine connaissait-elle son exis-