Aller au contenu

Page:Yver - La Bergerie.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

marchant ce jour-là d’émotion en émotion. Il se pencha vers Mlle d’Aubépine, et l’embrassa au front ; puis il dit :

« Frédéric… »

C’était la première fois qu’il l’appelait ainsi. Frédéric éprouvait à son égard une sympathie de jeune frère pour son frère aîné ; il eut de ce vocatif un plaisir secret.

« Il faut que je vous conte quelque chose, poursuivit M. de Marcy. J’ai reçu…

— Où sont les petites ? interrogea la marraine.

— Elles sont ensemble dans leur chambre, où Laure remet à Camille ses bibelots, ses petits objets favoris. C’est son testament de jeune fille ; Camille sanglote de perdre sa sœur. Je dois être un monstre pour elle ; mais ce cher petit cœur ne m’en veut pas de lui prendre ce qu’elle aime tant ; j’en viens d’avoir la preuve, et c’est justement ce que je veux vous conter, Frédéric, parce que cela vous concerne. Je vous le disais donc, j’ai reçu les confidences de Camille. Je possède son secret. Vous allez trouver que je le viole bien vite, mais tant pis, c’est trop charmant, il faut que vous le sachiez. Donc, elle m’a fait venir tout seul dans un coin de la salle à manger, et là, cachée à demi dans l’encoignure d’un buffet, elle m’a dit : « Vous êtes déjà presque mon grand frère ; demain vous le serez devenu ; il faut que je