Page:Yver - La Bergerie.djvu/172

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vous dise tout ce que j’ai dans le cœur : les projets de ma vie, mon histoire. Vous êtes intrigué, hein, comme tout le monde, de me voir tant travailler ? Eh bien ! tout le monde ne saura pas pourquoi je travaille tant ; mais à vous, je veux l’apprendre. Je travaille pour gagner ma vie un jour venu. Voilà, monsieur, et vous n’avez pas besoin de faire l’étonné ; ce n’est pas drôle. Qu’est-ce que je suis ici, monsieur mon beau-frère, voulez-vous me le dire ? Vous ne vous l’êtes jamais demandé, moi non plus, je ne m’étais pas posé la question ; mais les notaires apprennent bien des choses aux petites filles, surtout quand ils crient très fort dans le cabinet de marraine, et que la chambre des petites filles n’est pas loin. Un notaire m’a appris que j’étais ici presque une étrangère ; légalement une étrangère ; fille d’une amie très intime, mais parente très lointaine de Mlle d’Aubépine, et que je ne possédais pas un sou. Alors marraine disait : « La Bergerie serait pour elle si ce n’était mon neveu ; ces deux enfants me sont également chers. » — Je cite textuellement, fit en parenthèse M. de Marcy, le discours de Camille. — « Et si je dote, disait encore marraine, ma jeune filleule avec ce château, Frédéric sera dépossédé de la maison de ses pères. Mais si je donne la Bergerie à Frédéric, qui est un homme et peut se tirer d’affaire tout seul, que deviendra Camille ? » Et