priété régnant déjà en lui sur cette jeune vie.
Au dessert, tous deux burent un peu de champagne. La table était fleurie et lumineuse. Laure souriait doucement à son fiancé ; les jeunes ménages d’Aigremont s’égayaient à des histoires de braconnage racontées par les maris. Frédéric se sentait fort regardé au bout de la table, derrière le face à main de Mme de Chanterose. Camille lui demanda tout à coup.
« C’est vrai que vous ne pourriez pas vivre ailleurs qu’à Paris ?
— Paris ? Si vous saviez, Camille, ce que je m’en soucie peu !
— Ah ! tant mieux, dit-elle, disposée à l’expansion par le nuage un peu trouble et grisant monté à son cerveau d’oiseau avec le vin ; tant mieux, car marraine aurait tant besoin de vous ici ! Vous devriez nous rester, Frédéric.
— Rester… répéta-t-il étourdi, rester ici ?
— Mon beau-frère vous donnerait des leçons d’agriculture, ce serait gentil… Vous referiez la Bergerie comme le domaine de Marcy.
— Rester ici ! redit-il infiniment ému ; ne me le demandez pas deux fois, Camille, je resterais.
— Eh bien ? »
Il ne répondit pas. Il ne comprenait pas pourquoi une frayeur secrète l’empêchait de